Et il va y en avoir tellement encore

Barbara, ton Baboo à toi, a écrit "un an c'est si long, et il va y en avoir tellement encore". 
Je crois m'échapper. Non. J'aimerais dire que je vais bien et que je sors grandie de cette épreuve comme disent les livres de deuil. Il n'en est rien. La douleur se transforme en tristesse permanente. Le manque ne s'apaise pas, il grandit. Chaque jour je me lève, je mets mon masque pour éviter de lasser les gens avec mes pleurs. Et le soir tombe avec toutes ses ombres.

Suis-je une bonne mère dans ces conditions pour tes deux frères ? Je ne voulais plus écrire ici car écrire c'est parler de moi, de ma douleur, pas de toi, de ta vie, de ton rire, de ton visage chiffonné au réveil, de ton corps abandonné dans le sommeil.

On ne sait pas autant, quand on est parent d'un enfant vivant, que l'on est amoureux de ses enfants. D'un amour total, charnel aussi. 

Alors oui, j'écris quand même en parlant d'un moi qui ne crie que toi. En me censurant aussi. Je cherche comment écrire demain. Oui, bien sûr, il y a les vivants, au nombre desquels Zéphyr et Gustave. Ce n'est pas rien. Mais il faut trouver en soi plus encore. Je le savais déjà, maintenant c'est sans appel.

Merci à tous ceux, de tes amis, de mes amis, qui ici s'expriment. Si vous saviez, proches ou anonymes, connus, reconnus ou inconnus, comme ce que vous donnez de marque d'affection pour Romane, d'attention pour moi-même ou pour nous tous, m'est précieux. C'est un peu de sens dans cet absurde.

Ton petit frère s'est réveillé. Je l'ai bercé. Tu aurais aimé faire cela. Parfois je crois que tu es tellement en moi que je suis toi.